Bernard de La Villardière est un journaliste audiovisuel français réputé. Il y a peu, il a fait parler de lui à cause de propos sur l’islam lors de l’émission TPMP. Plus récemment encore, son reportage à charge contre la Hongrie, diffusé sur M6, a provoqué diverses réactions, Parmi elles, nous trouvons celle d’un des experts ayant accompagné la production du document : dans une longue lettre ouverte très détaillée, le journaliste franco-hongrois Ferenc Almássy dénonce des erreurs, des falsifications, des découpages, de la désinformation…
Des tas d’erreurs sur la Hongrie
Franco-hongrois, Ferenc Almássy est un journaliste indépendant. En tant que spécialiste du sujet et rédacteur en chef d’un journal dédié à l’Europe centrale, le Visegrád Post, il a accepté d’apporter son concours à l’élaboration d’un documentaire de l’émission Enquête exclusive du 8 avril 2018, un nom bien connu des téléspectateurs de la chaîne M6. Mais voilà, le résultat l’a choqué : par recherche de sensationnalisme, il déformerait totalement la réalité au sujet de la Hongrie. Le tout arrive au moment où Viktor Orbán entame un troisième mandat consécutif en tant que Premier ministre :
Une très longue lettre ouverte est donc parue sur le Visegrád Post. Elle reprend les principales erreurs, omissions ou déformations du reportage en question. On y trouverait en effet de belles bévues. À titre d’exemple, de toute la durée de l’émission, seul un unique nom propre hongrois serait correctement prononcé ! Pourtant, de nombreux lieux et personnalités sont mentionnés. Les données concernant les salaires et la démographie de la Hongrie seraient également plus que douteuses. Enfin, Enquête exclusive place la Hongrie à la frontière de l’Europe, alors qu’il s’agit d’un pays d’Europe centrale par excellence.
Entre autres contre-vérités, il y aurait l’absence de menaces contre la Hongrie de la part de Daech. Pourtant, Al Wafa avait en mars 2016 nommément désigné les Hongrois comme cibles potentielles d’attentats islamistes. Il y a aussi la confusion, sur une séquence vidéo, de l’armée hongroise et de la police. Le changement de positionnement politique du Jobbik n’est quant à lui pas du tout évoqué, ni même la figure de George Soros.
Des méthodes douteuses ?
Ferenc Almássy décrit également les conditions de travail et de tournage du document. Il évoque une équipe dirigée par Laetizia Kretz se voulant très courtoise. Cependant, à peine la collaboration terminée, certains de ses membres ont totalement coupé les ponts sur les réseaux sociaux. Il évoque aussi un cameraman déclarant qu’il « y a trop d’Arabes en France »… De fait, il serait trop long de reproduire tous les griefs portés contre ce reportage réalisé sous la houlette lointaine de Bernard de La Villardière. Celui-ci enchaîne donc les mauvaises publicités après son clash en février dernier sur le plateau de Touche pas à mon poste :
Le journaliste franco-hongrois dénonce également les techniques audiovisuelles employées : musique propice à créer de l’angoisse, succession d’images rapides, slogans violents à sens unique, mots incantatoires, etc., et ce dès le début de la séquence. Dans l’introduction réalisée par Bernard de La Villardière, il pointe du doigt des affirmations péremptoires jamais étayées. Ajoutez-y une mauvaise traduction lors de l’interview d’une citoyenne hongroise, dont un propos est totalement déformé… Plus encore, Ferenc Almássy donne de nombreux éléments et arguments prenant totalement le contrepied du documentaire diffusé par M6 plus tôt ce mois-ci. Certains parallèles France-Hongrie sont également particulièrement saisissants : traitement des minorités linguistiques, liberté d’expression, violences policières (comme à Notre-Dame-des-Landes), chantier de Jussieu, consultations nationales… Un tableau diamétralement opposé à celui dressé par Enquête exclusive !