L’or est un métal précieux qui suscite fascination et questionnements, notamment en raison des différentes puretés disponibles sur le marché : 9, 14, 18, 22 et 24 carats. Quels sont les avantages et les particularités de chaque titrage ?
Histoire et tradition de l’or 18 carats
L’histoire de l’or en France est marquée par des règlementations strictes. Dès la Révolution, le législateur impose aux joailliers l’usage de l’or 18 carats, soit un alliage contenant 75 % d’or pur et 25 % d’autres métaux tels que le cuivre, le zinc ou l’argent. Cette réglementation visait à garantir la qualité et la durabilité des bijoux, évitant ainsi que des alliages moins nobles ne se répandent sur le marché. Le 18 carats devient rapidement la norme.
Cependant, en 1994, un changement législatif ouvre le marché français à des alliages moins concentrés en or, comme le 14 et le 9 carats, avec respectivement 58,5 % et 37,5 % d’or. Les professionnels de l’époque, notamment ceux des grandes maisons parisiennes, voient d’un mauvais œil cette ouverture qu’ils jugent susceptible de nuire à la qualité des créations joaillières.
Les autres titrages : 9 et 14 carats
Malgré les réticences initiales, le 9 et le 14 carats trouvent progressivement leur place dans l’univers de la joaillerie. L’avantage principal réside dans leur coût plus abordable, permettant ainsi de rendre la joaillerie accessible à un plus grand nombre de personnes. Stéphanie Roger, fondatrice de White Bird, confirme cette tendance en expliquant que « la différence n’est quasiment pas perceptible à l’œil nu entre le 18 et le 14 carats, aussi précieux et durables ».
Le 14 carats devient ainsi une option prisée pour sa robustesse et son compromis entre coût et esthétique. Les créations de designers comme Sophie Bille Brahe, Alice Waese ou encore Brooke Gregson en sont des exemples parfaits. Le 9 carats, quant à lui, est souvent employé pour des montures plus conséquentes, où la quantité d’or pur importe moins que la solidité.
L’or 24 carats : une exception prestigieuse
Jean Dinh Van apparaît comme une figure iconoclaste en utilisant le titrage le plus élevé de 24 carats, en signe de protestation contre les nouvelles législations de 1994. Cependant, manipuler cet or presque pur est un défi technique majeur en raison de sa grande malléabilité. Les créations en 24 carats, bien que rares, témoignent d’un savoir-faire exceptionnel et d’une audace créative.
Un équilibre entre esthétique et durabilité
La tradition du 18 carats reste fortement ancrée dans les grandes maisons de joaillerie, notamment pour son équilibre parfait entre esthétique, durabilité et prestige. « Les différents titrages demeurent tabous pour beaucoup de professionnels français, et parfois italiens », confie encore Stéphanie Roger.
Toutefois, cela n’empêche pas certains designers de privilégier d’autres titrages pour des raisons esthétiques. Le Japonais Noguchi utilise le 9 carats depuis deux décennies pour créer des bijoux aux teintes riches et à la brillance unique. De même, Karen Liberman aime à mélanger divers métaux pour des contrastes saisissants. Ces choix incarnent une démarche artistique authentique où chaque titrage trouve sa propre justification.
L’or 22 carats, moins répandu, mais tout aussi prisé
L’or 22 carats, légèrement moins pur que le 24, est apprécié pour sa couleur solaire très jaune. Le joaillier grec Zolotas en a fait sa signature depuis les années 1960, créant des bijoux aux teintes éclatantes. Georges Papalexis, président de Zolotas, évoque cette prédilection en rappelant l’héritage de la tradition antique grecque de l’orfèvrerie.
Impacts économiques et sociologiques
L’ouverture du marché à différents titrages a eu des conséquences économiques significatives. La possibilité de choisir des alliages moins coûteux a permis d’élargir l’offre et de séduire une clientèle plus diverse. La hausse constante des prix de l’or rend ces options encore plus attractives.
Mais au-delà de l’aspect économique, cette diversité des titrages reflète également une évolution sociologique. Les consommateurs, aujourd’hui, sont plus ouverts et informés, avides de découvrir des options variées, chacun recherchant l’équilibre entre coût, qualité et apparence selon ses propres critères.
En définitive, la question persiste : la richesse de l’offre en termes de caratage est-elle un avantage pour le consommateur ou un risque de dilution de la qualité perçue de la joaillerie traditionnelle ? Comment cette tendance influencera-t-elle les futures générations de créateurs et de consommateurs passionnés par la beauté intemporelle de l’or ?