Décidément, il semblerait que la gifle soit au cœur de l’actualité ces temps-ci… Hier, nous évoquions le cas d’un chauffeur de bus de la RATP excédé par l’insolence et l’incurie d’un collégien. D’abord réprouvé par sa hiérarchie, il a reçu en très peu de temps le soutien de 120 000 pétitionnaires et de Valérie Pécresse, entre autres. Aujourd’hui, une gifle sur mineur constitue la cause du procès d’un gendarme des Ardennes. Ce dernier pourrait écoper de lourdes sanctions.
Les faits : une gifle à un ado
Si Alexandre Benalla peut paraître protégé en haut lieu, ce n’est pas le cas de tout le monde. Un gendarme du département des Ardennes a eu le tort de gifler le 13 octobre 2017 un mineur, en l’occurrence un adolescent âgé de quatorze ans, pendant son service. La « victime » avait manqué de respect pour son épouse. Il s’agit d’un gradé important, commandant même la brigade de Monthermé avec le grade d’adjudant-chef. C’est pour « violence » qu’il a été inculpé. Au mois de juin 2018, le gendarme avait refusé de plaider coupable, conseillé en cela par son avocat. Ce n’est qu’alors que son procès a été rendu public.
Dans d’autres pays, les forces de l’ordre semblent parfois avoir la gifle facile :
Le réquisitoire vient de tomber. Mercredi 12 septembre 2018, le procureur de la République de Charleville-Mézières a requis pour le gendarme l’interdiction d’exercer son métier pour cinq années, avec prohibition de porter une arme. Le tout assorti de cinq mois d’emprisonnement avec sursis. C’est une requête qui paraît extrêmement lourde au regard des faits incriminés. Cela fait cher pour une gifle à un gamin mal élevé ! Heureusement, le jugement définitif n’interviendra que le 3 octobre, et il paraît ubuesque qu’il puisse suivre les desiderata du procureur. Certains diront même que des gifles se perdent…
L’avocat monte au créneau
Devant l’incroyable sévérité de la peine demandée, l’avocat du gendarme inculpé n’a pas tardé à réagir. Son client est marié. Sa femme ne travaille pas et ils ont un enfant qui va à l’école. Le gradé supérieur a en outre 53 ans. La fin de sa suspension interviendra donc près de l’âge de la retraite. Cette sanction correspond à une « mort professionnelle », d’après le juriste. Ce dernier considère que cette sanction serait « illégale ».
En 2016, un policier qui avait (vaguement) giflé un migrant agité à Calais avait écopé de (tenez-vous bien) six mois de prison ferme.
Pour rappel, voici les images du chauffeur de la RATP reprenant un ado à Arcueil :
https://www.youtube.com/watch?v=d86seV_VpSw
Maître Phour rappelle qu’en amont de ce jugement le gendarme avait déjà été sanctionné pour son geste par la hiérarchie. Il avait été suspendu vingt jours et avait perdu son habilitation d’officier de police judiciaire. S’y ajoutait une mutation dans une brigade voisine, sans commandement. Il serait donc condamné deux fois. Bien sûr, l’ado qui avait reçu la gifle n’a souffert d’aucune ITT ou autre. L’adjudant-chef avait jusque-là eu une carrière irréprochable, avec une excellente notation. En d’autres temps, il est évident que la réaction du gendarme eût été unanimement saluée.