A-t-on encore besoin de présenter Lourdes, sa grotte, ses apparitions, ses piscines, ses pèlerinages et sainte Bernadette ? Il s’agit de l’une des villes françaises attirant le plus de visiteurs. Beaucoup ont eu vent de récits de guérisons miraculeuses. Mais, sur l’ensemble des personnes guéries à Lourdes, rares sont celles à se soumettre au long et éprouvant procès canonique nécessaire à la reconnaissance d’un miracle par l’Église. En outre, sur les procès commencés, ceux qui aboutissent sur une issue favorables sont peu nombreux. Mais hier, 11 février 2018 et 160e anniversaire de la première apparition de Massabielle, un 70e miracle a été solennellement reconnu. L’annonce a été relayée sur place par Mgr Nicolas Brouwet :
Une miraculée toujours en vie
Il s’agit d’une religieuse appartenant à la congrégation des Franciscaines oblates du Sacré-Cœur de Jésus. Membre d’une famille religieuse où les vocations sont en crise, la miraculée portait le nom qu’il fallait pour venir à Lourdes : sœur Bernadette ! Mais, avant d’en arriver au miracle, encore faut-il passer par le long chemin de croix de la maladie…
Bernadette Moriau est née le 23 septembre 1939. Religieuse tout en étant vêtue d’habits civils, elle dépend actuellement du diocèse de Beauvais, Noyon et Senlis. Mais c’est à Nantes qu’elle est entrée en religion, à l’âge de 19 ans. En 1965, pour servir sa congrégation religieuse, elle obtient un diplôme d’infirmière.
Son calvaire commence en 1966 et à l’âge de 27 ans. Ce sont dans un premiers temps des élancements lombo-sciatiques. Traitements et chirurgie n’y remédieront en rien. Elle est contrainte de cesser toute activité d’infirmière en 1975. Des troubles neurologiques viennent réduire à partir de 1987 ses facultés motrices. Malgré un neurostimulateur médullaire à compter de 1992 et l’usage de morphine après 1994, rien ne s’améliore. Au contraire, des problèmes sphinctériens font leur apparition en 1998. L’année suivante, la religieuse est contrainte de porter en permanence un corset médical cervico-lombaire. De mal en pis, elle avait depuis 2005 un pied bot.
Un miracle reconnue par l’Église
En 2008, la malade – très souffrante – suit des fidèles de son diocèse à l’occasion d’un pèlerinage à Lourdes. Elle y reçoit d’ailleurs l’extrême-onction. C’est le 11 juillet que tout bascule. À l’occasion d’une procession eucharistique et d’une bénédiction des malades par le Saint-Sacrement, elle est traversée par une sensation étrange et entend une voix intérieure lui disant que tout son équipement médical n’est plus nécessaire. Elle remarque dès lors le bon fonctionnement de son pied gauche et la disparition de ses problèmes sphinctériens. À 69 ans, elle arrête sur-le-champ tous ses traitements contre la douleur. Et cette douleur ne reviendrait plus jamais ! Voici son témoignage poignant :
Pour reconnaître un miracle, l’Église catholique demande une guérison imprévue, inexpliquée, instantanée, complète et durable. Ce sont des critères objectivement difficiles à réunir, d’où le faible nombre de miracles reconnus pour Lourdes : 70 depuis les apparitions en 1858. Rien à voir, donc, avec la méthode Morning Miracle ! Tout passe par une commission collégiale faisant intervenir des experts médicaux. C’est ensuite à l’évêque du diocèse de la personne guérie d’annoncer solennellement la survenue du miracle. En l’occurrence, il aura fallu 10 ans pour que cette reconnaissance ait lieu à l’instigation de Mgr Benoît-Gonnin. La date n’a pas été choisie au hasard : le 11 février dernier renvoyait au 160e anniversaire de l’apparition de l’Immaculée-Conception à Bernadette Soubirous. Une nouvelle qui braque une fois de plus les projecteurs sur un lieu de pèlerinage qui ne désemplit pas !