Des archives de 39-45 montrent le seul allemand qui a probablement refusé d’effectuer le salut nazi durant un rassemblement du parti.
Comme quoi tous les poissons d’un ruisseau ne sont pas faits de la même étoffe. Adopté par le parti nazi dans les années 1930, le tristement célèbre « sieg heil » (traduction littérale de « la grêle victoire »), le salut d’Hitler, était considéré comme le moyen par excellence utilisé par les citoyens allemands et des territoires européens conquis, pour démontrer leur loyauté au dirigeant le Führer Hitler, à son parti socialiste nazi et à la nation germanique. Si tout semble indiquer dans les souvenirs de certains que tous les allemands arboraient le salut hitlérien, quelques recherches menées dans les archives d’avant et après guerre ont pu démentir cette assertion.
En effet, dans une photographie d’août 1936 le journal Business Insider a réussi à dénicher un irréductible, probablement le seul allemand à ne pas effectuer le salut hitlérien, lors d’un rassemblement des membres du parti nazi, à l’occasion du baptême d’un nouveau navire de la marine allemande.
Portrait robot du seul allemand refusant d’effectuer le salut nazi
C’est en 1931 qu’August Landmesser a rejoint le parti nazi, où il s’est attelé à se ruer à la tâche afin de se frayer un chemin dans l’institution qui allait devenir la seule instance politique et juridique du troisième Reich. Tombant éperdument amoureux deux ans plus tard d’Irma Eckler, une femme juive vivant à Berlin, Landmesser demanda la main de sa dulcinée en 1935. Cet amour presque impossible du fait des origines juives de sa chère et tendre fut découverte peu de temps après leurs fiançailles, ce qui a conduit à l’expulsion du jeune Landmesser du parti nazi.
Sans doute pour forcer un peu les choses, (puisque toute l’Allemagne de l’époque n’était pas contrôlée par les nazis avant la guerre) Landmesser et Eckler décidèrent de déposer une demande d’établissement d’acte de mariage auprès de la municipalité d’Hambourg. Cette motion fut refusée en vertu des accords de Nuremberg qui furent adoptés quelques temps après. Alors qu’en octobre 1935 les deux fiancés attendaient leur première fille, c’est en juin 1936 que Landmesser fut photographié lors d’un rassemblement des membres du parti nazi, refusant d’effectuer le salut nazi alors que tous ses autres « camarades » avaient le bras levé, raide et droit en direction du Führer.
Un acte de défiance lourd de conséquences
Comme vous pouvez vous en douter, l’acte de défiance de Landmesser fut remarqué, et alors que ce dernier après moult récidives de son obstination tentait de fuir le pays en 1937 pour le Danemark avec sa famille, le couple fut arrêté à la frontière et Landmesser accusé de « haute trahison », sur la base des textes apportés en 1935 par les lois de Nuremberg.
Un an plus tard, Landmesser a été acquitté pour manque de preuves et a été chargé de ne pas avoir une relation avec Eckler « la juive allemande ». Résolument décidé à ne pas abandonner sa fiancée, Landmesser ignorant les recommandations lui étant adressées par ses camarades nazis, fut à nouveau arrêté en 1938 et condamné à près de trois ans de détention dans un camp de concentration. Il ne vit plus jamais sa fiancée Eckler, ni même sa petite fille, il ne su probablement jamais que sa dulcinée attendait un second enfant de lui.
Irma Eckler
Peu de temps après sa déportation, son épouse Eckler fut elle aussi arrêtée. Enceinte de plusieurs mois de la deuxième fille du couple, elle donna naissance à Irene en prison et fut déportée en camp de concentration pour femmes au lendemain de son accouchement.
Selon le Business Insider toujours, Eckler fut probablement transférée dans ce que les nazis surnommaient un « centre d’euthanasie », vers les années 1942. Elle a été assassinée avec 14.000 autres détenus. Au sortir de la prison, Landmesser fit beaucoup de petits boulots avant d’être enrôlé dans l’armée d’Hitler en 1944. Quelques mois plus tard, il a été déclaré manquant dans l’assaut sur la Croatie.