Certains laboratoires pharmaceutiques comptent parmi les entreprises les plus importantes de la planète. Leurs rapports avec les hommes politiques, avec dans différents cadres un lobbyisme institutionnalisé comme aux États-Unis ou auprès de l’Union européenne, suscitent bien des suspicions. Depuis l’apparition de la médecine médicamenteuse chimique, les scandales ont été nombreux. Réduction des coûts de production, mauvaises prescriptions, création de faux besoins : les causes des catastrophes sanitaires sont nombreuses et peuvent s’entrecroiser. Tout le monde se souvient des scandales de la Dépakine et du Médiator, mais aussi de nombreuses pilules contraceptives, notamment associées au tabac. Aujourd’hui, c’est un autre médicament qui est accusé de susciter des effets secondaires particulièrement indésirables, à savoir des tumeurs cérébrales : l’Androcur.
Des conséquences néfastes connues depuis 10 ans
Aujourd’hui, vous trouverez encore l’Androcur dans les pharmacies ainsi que des médecins pour le prescrire. Pourtant, ce qui est pris pour un contraceptif est fortement soupçonné de susciter des tumeurs au cerveau, notamment en cas d’usage sur une longue durée. Il s’agit d’un médicament signé Bayer généralement prescrit dans certains cas contre l’acné juvénile et conçu dans la décennie 1980. Le problème, c’est que ses effets secondaires dangereux sont connus depuis de nombreuses années maintenant. En 2008, nombre de médias en avaient parlé. En 2009, c’était l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) qui validait ces soupçons. En conséquence, la notice du produit devait être retouchée dès 2011.
Voici, à titre d’exemple, une vidéo de 2017 évoquant les désagréments d’un générique de l’Androcur :
Les risques induits par l’utilisation de l’Androcur ne sont pas négligeables. En effet, les experts évoquent une possibilité de contracter une tumeur cérébrale multipliée par… au moins 7, si ce n’est 20. Cet antiandrogène stéroïdien est donc loin d’être anodin. La présence de cyprotérone n’y est peut-être pas pour rien.
Une réaction tardive
Dans les faits, l’Androcur qui est aux yeux de beaucoup un contraceptif est utilisé pour bien d’autres choses. Quelques exemples, outre le traitement de l’acné : le cancer de la prostate à des stades avancés, l’hirsutisme (problème de pilosité féminine importante) ou encore l’endrométriose. Pourtant, le médicament ne devrait pas être prescrit dans ces deux derniers cas, ni en tant que contraceptif.
Il faut savoir que l’Androcur est également pris par différents transgenres, mais les traitements hormonaux ne sont jamais anodins :
C’est cependant dans tous ses usages que l’Androcur pourrait causer des méningiomes, tumeurs pouvant entraîner des problèmes d’odorat, de mémoire, de goût ou encore d’épilepsie. La Sécurité sociale estime qu’en 2017 57 000 femmes en France consommaient de ce produit chimique. En juin 2018, l’ANSM a mis sur pied une commission scientifique spécialisée temporaire pour revoir les modalités de prescription et d’utilisation de l’Androcur afin de limiter aux maximum les risques. Les recommandations de ce comité d’expertise sont attendues avant 2019.