De quoi avait l’air le sexe au Moyen Age ? Entre bordels, interdits religieux et rapport ambiguë au plaisir, exploration des us et coutumes de l’époque.
D’après les premières idées reçues que l’on pourrait avoir sur le sujet, la sexualité au moyen-âge ne devait pas être des plus joyeuses et des plus débridées. Qui n’a jamais entendu parler des ceintures de chasteté, n’est-ce pas ?
Ce qui est certain, néanmoins, c’est que les coutumes, les mœurs et les interdits n’étaient pas ceux que nous avons aujourd’hui au XXIe siècle : en effet, la religion tenait une place très importante dans la société et l’absence de contraception avait aussi un impact sur la sexualité.
Le moyen-âge coupé en deux temps
La société au moyen-âge a beaucoup évolué durant cette période. L’Eglise jouait un rôle essentiel dans la vie de tous les jours, notamment en ce qui concerne la frustration au niveau des mœurs. Entre le VIème et le XIème siècle, la notion de divinité est vécue de très loin par la population mais quoiqu’il arrive, pour éviter de tomber sous le joug du Diable en personne, il était fortement recommandé de renoncer à tous les plaisirs, surtout ceux de la chair.
En somme, l’amour dans le couple n’existait pas car il était source de péché. Ce que l’on appela par la suite le haut moyen-âge avait repris tous les interdits que l’on retrouvait dans l’Ancien Testament, à savoir la nudité, l’inceste, la sodomie, l’homosexualité. N’est-il pas dit, par ailleurs, dans l’Ecclésiaste, que « C’est par la femme que péché a commencé » ?.
Dans ses deux ouvrages Amours vénales (Ed. Aubier, 2010) et Sexualités au Moyen-Âge (Ed. Jean-Paul Gisserot, 2012), l’auteur et historien médiéviste Jacques Rossiaud nous raconte comment faisait-on l’amour au Moyen-Âge.
Le corps est diabolisé et assimilé à un lieu de débauche. À cette époque, le mariage avait un rôle… utilitaire et donc on couchait avec son partenaire dans le but de procréer, de perpétrer l’espèce et le nom de l’homme.
Ensuite, entre le XIème siècle et le XVème siècle, les choses s’aggravent : non seulement c’est l’heure de la répression physique, mais on va aussi s’attaquer aux mœurs et à la morale des gens.
À la moindre incartade, il fallait aussi se repentir devant Dieu, réciter des chapelets de Notre Père et autres psaumes pénitentiels un nombre incalculable de fois pour expier ses péchés.
Alors, uniquement à cette condition, votre faute était rachetée et vous pouviez (peut-être) espérer monter au Paradis à votre mort. Ouf !
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Un agenda pour faire l’amour
Cela peut paraître aberrant mais au moyen-âge, avoir une sexualité « tranquille » était impossible.
Les recommandations officielles (celles de l’Eglise pour tout dire) étaient claires : il ne fallait pas faire l’amour plus de deux fois par semaine.
Soit disant parce que l’orgasme équivalait à deux saignées et que l’abus de rapports sexuels vous entraînait dans d’atroces souffrances, du type assèchement du corps, réduction de la durée de vie, activité cérébrale diminuée et problèmes aux yeux. Cette période correspond à peu près au moyen-âge d’avant 1200.
La prostitution ? Oui. Pas la masturbation
À partir du XIIIème siècle, les théologiens essaient de se montrer un peu plus souples même s’il est toujours interdit d’avoir des relations sexuelles les jours « consacrés » comme Noël, Pâques, à la Pentecôte ou encore l’Assomption.
Par contre, alors que les époux se doivent de rester chastes et purs, les bordels municipaux fleurissent et sont ouverts jour et nuit.
La prostitution est quelque chose qui est même très bien vu par la société, on estime que ce n’était pas très grave parce qu’il valait mieux qu’un homme se satisfasse avec une prostituée plutôt que d’avilir son épouse ou pire, d’avoir des relations extraconjugales, voire de se satisfaire par lui-même.
6 faits avérés en matière de sexualité au moyen-âge
- La sodomie était perçue comme un moyen de contraception : proscrit à tout le monde, la sodomie était synonyme d’horreur et de péché.
- La sexualité se voulait virile : l’épouse était au service érotique de son époux qui n’hésitait à avoir un comportement quelque peu agressif voire violent envers sa femme au moment du coït. Elle suivait le rythme imposé par l’homme.
- Les prostituées servaient à l’éducation sexuelle.
- L’homosexualité était totalement répudiée et haïe. À cette époque, l’Italie avait pour réputation d’être la contrée des homosexuels.
- La masturbation était interdite chez les hommes : c’était un péché, certes mineur, mais il fallait s’en méfier car cela rendait idiot et annonçait les prémices d’une vie de débauche. Elle était par contre tolérée chez les femmes car cela les « aidait à maîtriser leurs ardeurs ».
- Toutes les positions n’étaient pas acceptables : la sodomie était certes interdite mais aussi la levrette qui était censée rappeler la copulation chez les animaux.