Le magazine 66 Minutes diffusé dimanche soir sur M6 a été la cible de reproches et de réactions outrées de la part des téléspectateurs et du gouvernement. La cause ? Un reportage qui suivait de près les pompiers lors des attentats du 13 novembre dernier.
Depuis vendredi, la France est K.O. Des attentats meurtriers ont fait quelque 129 victimes et plus de 350 blessés dans la capitale française. Après le choc, la barbarie, l’émotion et l’incompréhension, vient le temps du recueillement et du deuil. Mais pour les journaux et les médias, une question difficile se pose: comment informer sans choquer les téléspectateurs ? Dimanche soir, 15 novembre 2015, c’est 66 Minutes qui a fait l’objet de cette question.
Le reportage de 66 Minutes
Il est 18h05 lorsque M6 diffuse un reportage qui suit les pompiers de Paris dans le XIIème arrondissement. L’équipe de tournage suivait donc par hasard ces derniers lors de leur intervention au restaurant La Belle Equipe, victime d’une fusillade. Avant la diffusion, le présentateur Xavier de Moulins explique que les images sont dures et terribles. Une interdiction pour les moins de 10 ans est d’ailleurs mise en place.
Mais alors que voyons-nous dans ce reportage ? On peut voir notamment les corps des victimes, des blessés et du sang à cet endroit où 19 personnes ont perdu la vie. Une plongée dans l’enfer des attentats qui ont marqué tout une nation et le monde dans sa globalité. Si vous souhaitez toutefois voir ou revoir le reportage de 66 Minutes, vous pouvez le faire sur le site M6 Replay.
La réaction des téléspectateurs
Pendant la diffusion et même après, les internautes se sont exprimés sur le reportage. Les avis sont divisés. Nombreux sont ceux qui dénoncent le manque de respect vis-à-vis des victimes, des personnes non identifiées. Les images sont diffusées seulement 48h après les attentats. Les questions des journalistes et les images sont également pointées du doigt.
"Madame, votre fille est morte, dans quel état êtes vous ?"
Les journalistes en 2015. #66Minutes
— SARAMAMA. (@ningengirai) 15 Novembre 2015
Les gens ont perdu leur enfant, leur vie vient de basculer à tout jamais et toi tu viens les interviewer. Le respect ?! #66Minutes
— Understatement. (@MrsCeendOush) 15 Novembre 2015
Devant le reportage #66minutes ….. Ému – écœuré….. Comment tout cela a t-il pu arriver ? pensées émues aux familles des victimes .
— Matthieu BATAILLE (@BatailleMat) 15 Novembre 2015
D’un autre côté, certaines personnes soulignent le caractère informatif et la réalité dans toute sa dureté de ce reportage. Des images terribles mais qui montrent clairement la nature des événements. Un document qui divise donc la population. M6, elle, assume le reportage choc. Mais qu’en est-il des autorités compétentes ?
Que dit le CSA ?
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a vérifié les images et a estimé qu’aucun manquement n’avait été signalé. En effet, les visages des personnes présentes à l’écran ont été floutées.
Rappelons que le CSA, en date du 20 novembre 2013, préconise de « s’abstenir de présenter de manière manifestement complaisante la violence ou la souffrance humaine lorsque sont diffusées des images de personnes tuées ou blessées et des réactions de leurs proches » et « veiller à ce que la diffusion de sons et/ou d’images difficilement soutenables soit systématiquement précédée d’un avertissement explicite au public destiné à protéger les personnes les plus vulnérables de leur éventuel impact. »
Ces recommandations s’inscrivent dans le traitement des conflits, guerres civiles et actes terroristes par les médias. De son côté, le Ministère de l’Intérieur déplore la diffusion de ce reportage.
Que dire du comportement de la presse sur les attentats ?
Lors des attentats de Charlie Hebdo de janvier dernier, la presse avait été pointée du doigt pour son traitement des événements. Cette fois-ci, il semblerait que les médias ont été plus prudents. Ils ont préféré faire le tri dans les informations qu’ils possédaient pour ne divulguer que celles qui ne pourraient pas gêner les opérations en cours ou choquer les téléspectateurs. Quand on voit que certaines images ou vidéos terribles circulent sur Internet, on ne peut que se féliciter de cette prise de conscience.